World of the clip (5) : Allemagne / Germany / Deutschland !!!

Ok. Parlez des clips du Burkina, de l'Inde, des Caraïbes, de la Yougoslavie, c'est relativement facile, je n'y ai passé que quelques semaines... Mais l'Allemagne ? Où j'ai passé un paquet d'années, depuis mon premier voyage scolaire à Köln/Cologne en 1995 ? Comment résumer autant d'expériences musicales et clipistiques ? 

En fait, franchement, c'est facile, car l'Allemagne n'a produit, musicalement, que de la merde. Elle est totalement soumise à l'impérialisme yankee musical. Eh eh eh eh eh eh. Je déconne à moitié. J'ai cherché et cherché et cherché ; en 2007, quand j'ai passé sept mois seul en Allemagne, j'ai demandé à chaque personne que je croisais s'il y avait de la bonne musique allemande mainstream. Les réponses étaient toujours les mêmes : 

- Ben, tu peux écouter Ich & Ich ou alors 2raumwohnung ou alors Silbermond. [Je vous laisse découvrir en cliquant, c'est vraiment TRÈS TRÈS BIEN].

Du côté des punks de Berlin Friedrichshain, on me conseillait, dans les grands classiques, Die Toten Hosen ("Les pantalons morts") et les Böhse Onkelz ("Les oncles méchants"). Soit, soit. Côté des bobos de Prenzlauerberg, on me parlait des niaisieries de Wir sind helden ("Nous sommes des héros"). Dans cet océan de solitude, j'ai dû faire ma culture seul. Je dis "faire", mais je devrais dire "compléter", car il m'était déjà arrivé aux oreilles ce que l'Allemagne a produit de meilleur, et que les Allemands mainstream eux-mêmes ne connaissent que rarement : l'indus, le gothique, la techno. Mais je voulais me frotter à la pop allemande, pas à des niches. 

Peut-on parler de culture clipistique, au-delà de la culture musicale ? J'ai déjà fait un ou deux articles sur des réalisateurs de clips d'origine teutonne... mais je crois que je vais me contenter de faire une intro globale, pour que vous connaissiez un peu plus que Nena (99 Luftballon) et Rammstein à la musique allemande. Je suis pas sûr que ça vaille le coup. On va essayer de convertir les "artistes" allemands en "artistes français" : ça promet d'être acrobatique, ça peut être marrant.

1) Les Allemands aiment les autoroutes :-). 

Si l'Allemagne a produit quelque chose sur la scène internationale (en dehors de Tokio Hotel), c'est quand même ces jolies sonorités métalliques qui nous rappellent l'autoroute entre Düsseldorf et Wuppertal, les nuits dans la Ruhr, Leipzig, et tous ces moments - nombreux - où on se dit "putain, que ce pays est moche". Et vous croyez qu'on va les fabriquer où, les bagnoles allemandes ?? Alors oui, la culture du lycée technique, de la voiture et de la machine-outil a abouti à la naissance d'une génération de punks métalliques et acides, qui nous ont inventé de jolies perles industrielles. Le Top 3 : 

- Einstürzende Neubauten. Le groupe dont le symbole est le tatouage de tous mes potes. Vous serez ravi de découvrir le concert de Noïse sur l'autoroute ; une jolie vachette un peu triste d'être trop moche ; ou alors le moment où Nick Cave a décidé de mettre un chapeau. 

- Le label Ant-Zen et particulièrement les trois groupes Imminent Starvation, Hypnoskull (belges) et Converter. Oreilles sensibles s'abstenir ; ça vient de la Ruhr, gros, ça va te rendre sourd, gros (en Allemagne, Ruhr, ça se dit Roure).

- Pour rigoler, et pour ceux qui aiment le premier groupe de Stephan Eicher (quand il chantait encore en Allemand), une petite perle dégotée par JB. Le clip nous montre bien que cette scène s'est auto-détruite par la drogue et l'alcool :-). Bon et évidemment, pour ceux qui ne connaissent pas LE groupe à connaître en industriel homo des années 1980, c'est ici. 

2) Les Allemands aiment s'habiller en femme et en robe noire. 

C'est moins connu, mais l'Allemagne a longtemps été l'un des centres les plus dynamiques de la culture gothique européenne. Non seulement il disposait d'un réseau de magasines importants - comme Orkus, et pas seulement Elegy - mais il y avait des artistes intéressants. Les deux plus importants, à mon goût, sont : 

- :wumpscut:, pour le côté électro-goth. Sa discographie est longue comme un jour sans pain, et il a pondu des tubes imparables si vous voulez séduire quelqu'un sans qu'il/elle comprenne ce dont il retourne, comme dans Ich will dich ("Je te veux"), ou encore, Sag es jetzt ("Dis-le maintenant"). Honnêtement, si vous voulez vous prendre une bonne tarte dans la tronche par une féministe allemande, passez-lui ça en soirée :-). 

- Sopor Aeternus. Bon là, on rentre clairement dans un truc-ovni : Sopor, c'est tout de même un homme (ou une femme) qui chante sa dépression depuis des dizaine d'années en s'inspirant du buto japonais. C'est pas très bon à écouter le matin en hiver. Mais bon, moi j'aime bien. Après tout. ça vaut mieux que l'album complet de :wumpscut: où c'est un foetus mort qui chante en s'adressant à sa mère et à l'humanité pour la maudire. 

3) Les Allemands aiment créer des monstres sacrés. 

J'ai une théorie générale assez vraie : plus une société est chiante, castratrice et étouffante, plus sa contre-culture est marrante et déjantée. Vous ne me croyez pas ? Et le Japon alors ? Et les États-Unis ? ça marche aussi pour l'Allemagne. On se fait tellement chier au pays de la saucisse, de la CDU et d'Helmut Kohl, qu'il faut bien de temps en temps péter une durite. Et si on regarde les quatre ou cinq produits qui ont dépassé les frontières, on se rend compte qu'il y a de la qualité. En vrac : 

- Klaus Nomi : ou comment un chanteur d'opéra devient une icône de la pop, en inventant une sorte de pierrot constructiviste.

- Nina Hagen : ou comment une autre chanteuse d'opéra (par ailleurs belle-fille de Wolf Biermann, le Brassens-Vyssotski d'Allemagne de l'Est), devient l'icône du punk, grâce à son grand talent, sa grande bouche et ses grands yeux. 

- Rammstein : ou comment une bande d'hommes torse-nu qui se respirent les dessous de bras devient l'icône de... de quoi d'ailleurs ? C'est difficile de classer Rammstein, entre les chansons qui reprennent des poèmes de Goethe et les films porno qu'ils ont faits. Et comme on a oublié Tanzwut ou KMFDM, et ben il ne reste que nos gros teutons à poil. 

4) Si on passait à la pop ? 

Bon, voilà, maintenant qu'on a sauvé - à la serpette - ce qu'il y a à sauver de la musique allemande, on peut passer à un gros pot-pourri de la culture mainstream, en faisant un tableau synoptique avec la "culture" française. J'ai pu vérifier cet été que les Allemands de vingt ans ne connaissent pas la moitié des merdes que je vais citer ci-dessous : je suis plus boche qu'eux :-). En même temps, les Français ne connaîtront pas non plus les merdes françaises avec lequelles je vais les comparer.  À noter que beaucoup de groupes marchent à l'étranger parce qu'ils chantent en Allemand et permettent ainsi aux professeurs de Boches de faire genre que la langue germanique est cool, alors qu'il faut dix ans pour commencer à pouvoir demander son pain dans une boulangerie en Schleu. Les profs d'anglais n'ont pas ce problème : il leur suffit de mal s'habiller et de ne pas parler anglais.

Catégorie	Artiste allemand	Comparaison française
Rap / hip-hop / Funk	Sido	Booba / Maître Gims / Eminem
	Bushido	La fouine / Rohff
	Tony-D	25g / Al Kapote :-)
	K.I.Z.	Orelsan / 1995
	Seeed	Difficile : Sinsemilia et Tryo ?
	Jan Delay	Un peu James Deano
Chanson allemande	Herbert Grönemeyer	Entre Johnny (en moins beauf) et Bashung (en moins cool)
	Wolf Biermann	Brassens / Jean Ferrat
	Udo Lindenberg
Punk / Rock	Die Böhse Onkelz	Un peu les béruriers noirs de droite :-) / Motörhead
	Die Toten Hosen	?? Je sais pas. La Mano Negra en pas bon ?
	Die Ärzte	Noir Désir / mais en pas bon ?
	Wir sind Helden	Zaz :-)
	Nena	Niagara

(Oh là là, j'ai honte, j'ai vraiment sorti que de la merde. Les groupes cités sont de ma responsabilité. Il y a sûrement des trucs biens en Allemagne, musicalement. C'est juste que je ne les ai pas trouvé. C'est ma faute. Désolé. Sorry. Entschuldigung. Es tut mir sehr leid). 

Allez, pour conclure, une traduction merdique de la Chanson "Schrei" de Tokio Hotel :-) (je l'a fait moi-même, je n'ai pas confiance dans les kikoolol qui ont dû traduire ça avec leur prof d'Allemand). 

Tu te réveilles, et on te dit déjà où tu dois aller

Quand tu y es, on t'explique ce que du dois penser

Super, merci, c'était encore une journée qui a déchiré

Tu dis rien et personne ne te demande "hey, est-ce que tu es d'accord ?"

Crie ! jusqu'à ce que tu sois toi-même

Crie ! Même si ça doit être la dernière fois

Crie ! Même si ça fait mal

Crie aussi fort que tu peux ! 

(Merci l'Allemagne :-). Ah j'oubliais. Le tube ultime. Que tout ceux qui me connaissent connaissent. L'ultime coolitude germaine. Supergeil.