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La décharge des clips du web intergalactique
7 août 2014

World of the Clip (4) : India !

Bon, voilà déjà un bon moment que je suis revenu d'Inde. Et s'il y a quelque chose à en dire, c'est que c'est le premier bastion mondial de résistance à l'impérialisme clipistique américain yankee. En effet, et je ne vous apprendrais rien, la culture indienne s'est exportée partout dans le monde grâce au Bollywood, le hollywood indien de Mumbai. Les Bollywood, on connaît. De la danse, des chansons, des couleurs, et surtout, toujours la même histoire : comment dire crotte à ma famille pour épouser ma belle. Ce qui explique aussi que les productions indiennes cartonnent dans tous les pays où le principal problème reste la manière dont Tante Hilda va accepter ou non votre conquête...

Toujours est-il que depuis Youtube (ou même avant), l'habitude a été prise de découper les parties chantées/dansées en clip originaux. Cela a un impact non négligeable : comme de nombreux clips sont des extraits de film, avec une production plus importante, ils sont mieux filmés. Mais ça a aussi pour effet que vous ne comprenez rien au scénario du clip, puisqu'il est lui-même une toute petite partie d'une plus grande épopée.

Ce qui est donc intéressant dans tout ça, c'est d'arriver à finement distinguer le poids de culture nationale d'un côté, et l'hybridation mondialisée, de l'autre. Dans la plupart des pays, cet équilibre tourne au profit de la crotte mondialisée (grosse voiture, billets, femmes à poil... en gros, je crois que j'ai tout dit ?). Alors qu'en Inde, ça résiste. Et je crois même pouvoir dire (j'y reviendrais), que les Indiens seront bientôt à même de dicter leurs propres codes (nombre de consommateurs oblige). Si ce n'était pas le cas, comment expliquer la sortie de Sexy Dance 5 ??

Alors le problème, c'est qu'avec un seul article de blog, ça va être dur de résumer tous les clips indiens, qui sont, à l'image du pays qui les héberge, un véritable continent. Je vais donc faire une sélection pêle-mêle, pour partager le "meilleur" de ce que j'ai découvert sur place ou grâce à mon informateur (qu'il soit remercier platement, il m'a tout appris). 

Commençons par une chose simple : les deux acteurs fondamentaux de Bollywood, que vous risquez de retrouver dans tous les Bollywood, et donc aussi dans des pubs et des clips. Il s'agit des deux hommes les plus connus du monde : Amitabh Bachchan et Shahrukh Khan. C'est un peu le fondateur et l'élève, le Socrate et le Platon, avec leur vingt ans d'écart. Toujours est-il qu'on peut voir dans les deux clips suivants la filiation : le premier est tiré de l'inénarrable Coolie (les chorégraphies sont vraiment mortelles), et le second d'un film beaucoup plus récent.

 

Image 2

Image 3

 

Les plus sagaces d'entre vous auront noté que dans le premier clip, il y a un vrai problème avec l'oiseau ; dans le second, ils auront remarqué la présence très agréable de celle qui est en passe de devenir LA star féminine de Bollywood, à savoir Deepika Padukone, révélée, entre autre, dans le film Ram Leela, dont je ne saurais vous recommander  la vision. C'est un remix de Roméo et Juliette, et c'est tout bonnement extraordinaire. Pour ceux qui en douterait, un extrait ci-dessous : 

Image 4

 

Notez dès à présent que la scène se passe pendant la fête des couleurs, le fameux Holi indien, j'y reviendrais. Que peut-on observer du point de vue clipistique ? D'abord, les hommes ET les femmes dansent. Oui, oui, vous avez bien vu : il n'y a pas des femmes qui dansent pour un homme (Robin Thicke), ou des hommes qui dansent pour une femme (Lady Gaga), ou des hommes qui dansent pour des hommes... Bon, vous voyez le tableau. En gros, il y a des groupes de danseurs, et des héros, et tout le monde danse, et c'est beau. C'est déjà énorme du point de vue de l'analyse. Je ne développe pas, sinon l'article va faire 10 pages. Deuxième chose, il y a certes de la danse et de la séduction, mais il y a aussi de l'humour ; ce qui est très rare dans les clips américains, sauf chez Ke$ha, mais elle ne fait pas exprès. Du coup, les femmes sont d'autant plus belles qu'elles ont l'air intelligente et drôle, comme dans ce clip suivant très entraînant. 

Image 5

 

Vous ne notez pas quelque chose d'extraordinaire ? Cette femme n'est pas nue ! On ne voit pas ses jambes, et elle ne secoue pas son postérieur de manière lascive en mini-string comme 90% des femmes dans les clips américains. Voilà une très grosse différence. Évidemment, tous les clips ne sont pas comme celui-là. Et la lente contamination par les catégories de la pop dominante fonctionne aussi en Inde. On trouve donc des clips assez étranges, comme celui-ci, cocktail bizarre de post-teufeurs qui se seraient perdus sur la route d'Ibiza dans les montagne de l'Himalaya, avec une fausse Paris Hilton à pas cher. 

Image 6

Et ça peut vite dériver vers du "à l'américaine" bien pourri, où les Penjabis se prennent pour Booba ou Rick Ross. En mode "gangsta rap", sans le gangsta et sans le rap, mais avec le même ennui instinctif face aux mêmes thèmes répétés des milliers de fois (vous les connaissez : voiture, argent, femmes à poil).

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Image 3

Alors, qui va gagner ? Les traditions culturelles locales contre le méchant impérialisme ? C'est la conclusion de ce billet : je vous avais dit que je vous parlerais de Holi, cette fête où les gens se balancent de la poudre à la gueule. Et bien j'ai été très étonné de constater que c'était devenu le nec plus ultra des fêtes américaines, comme Spring Break, de se faire un petit Holi. Et sur le quai du métro à Berlin, cet hiver, j'ai constaté avec joie que Holi avait vraiment fait le tour du monde. En effet, si même des Allemands pas drôles se peinturlurent la tronche, c'est que l'Inde a gagné. Gagné quoi ? Au moins un rayon entier dans le grand supermarché de l'hyperfestif international. Ce qui n'est déjà pas si mal. C'est Philippe Muray qui doit être content.

 

aussenwerbung-trifft2

(Légende : "La publicité en extérieur peut atteindre tout le monde". Tout un programme).

 

 

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La décharge des clips du web intergalactique
  • Avant Youtube, il y avait MTV. J'ai regardé tous les clips de l'histoire du monde et au lieu de pourrir mon entourage avec mes avis sur la question, je vais vous pourrir VOUS. Comme une soirée Youtube sans fin...
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