Carrière du clip (3) : Chris Cunningham

Ce matin, en me réveillant, les boucles des refrains de B2oba tournaient dans ma tête ("J'suis riche tristement célèbre, tristement célèbre..."). Je me suis dit qu'une des meilleures façons d'occuper la journée serait de faire un merveilleux article de "Carrière du Clip" sur Chris Macari, LE réalisateur de clip de rap français, qui a officié pour des artistes de grands talents comme B2oba, K2aris, Seth Gueko, Roh2f ou Mokobe. Puis je me suis dit que c'était la pire idée que j'avais jamais eu. Alors j'ai pensé à Michel Gondry, qui lui, a fait des clips pour Björk, Iam, Noir Désir, et est devenu un réalisateur connu depuis.

Et puis je me suis dit non. Je me suis dit que j'allais faire un article sur Chris Cunningham, qu'à mon avis personne ne connaît, et à tort. Cunningham était un vrai nobody avant d'exploser sur la scène internationale grâce au clip Come to Daddy de Aphex Twin. 

A l'époque (1997), les rave et les free party entraient dans une phase vraiment chiante, qui laissait la porte ouverte à ce qu'un type qui s'y connaisse en expérimental nous ravisse les oreilles avec quelque chose de totalement inconnu. Ce type fut Aphex Twin ; et dans ce genre de moment magique du capitalisme monopolistique, Aphex fit découvrir Chris Cunningham et inversement. Affaire gagnante, donc. Je me rappelle d'ailleurs avoir entendu Aphex Twin à Montpellier le 8 août 2000 à la rave Heliocolours (qui succédait à Boréalis) : non seulement il damait le pion à Manu le Machin (lol), mais mon médecin du travail a été formel la semaine dernière : j'ai un gros acouphène à l'oreille gauche. 

Quelle fût la recette du succès ? Je crois tout simplement que le fait de voir débarquer des dizaines d'enfants avec des masques d'Aphex Twin dans un paysage dévasté suffisait à coller les glandes aux spectateurs. ça devait se rapprocher de la uncanny valley, ce moment que toute personne ressent quand elle voit quelque chose qui ressemble à un humain, mais qui n'est pas humain. Un peu comme dans The Ring. Aphex et Cunningham  récidivèrent avec Windowlicker. Ce clip reste à mon avis une des choses les plus étranges que l'on ai vu. 

Malheureusement, et c'est un peu le destin de toutes les choses vraiment transgressives : le public n'était pas vraiment prêt. Cunningham, après avoir fait un clip pour Madonna et son clip le plus connu jusqu'à ce jour, le All is full of love, de Björk, a disparu de la scène. Non sans nous avoir régalé d'un court métrage qui a fait flipper tout le monde, le truc le plus chelou jamais réalisé depuis Eraserhead de David Lynch.

Chapeau l'artiste !